Commémoration du 10ème anniversaire de l’accident de Flash

3 janvier 2014, Charm el Cheikh

Mes chers compatriotes,

Chers amis égyptiens,

C’est avec une profonde émotion que je m’adresse à vous en cette journée de commémoration de l’accident du vol de Flash Airlines, le 3 janvier 2004.

Au moment où vous êtes réunis dans le souvenir de vos proches si tragiquement et brutalement disparus, sachez que les autorités et toute la nation françaises partagent la peine et la douleur qui ne vous ont jamais quittés depuis 10 ans et qui sont ravivées aujourd’hui, alors que vous vous trouvez sur les lieux mêmes de ce drame.

Au moment où ils quittaient l’Egypte après un séjour de vacances certainement heureux à Charm el Cheikh, et alors que vous vous prépariez à les accueillir à leur retour à Paris, 134 Français ont trouvé la mort quelques instants après le décollage. A bord de cet avion, se trouvaient également une ressortissante marocaine et les 13 membres égyptiens de l’équipage.

Dix ans après, la douleur et le deuil restent intacts dans le cœur de tous ceux qui les ont connus.

Vous êtes aujourd’hui plus d’une trentaine à avoir fait le déplacement à Charm el Cheikh tandis que d’autres proches des victimes assistent à la cérémonie qui se tient parallèlement au mémorial parisien du Père Lachaise, inauguré le 3 janvier 2007. Je voudrais saluer chacun d’entre vous et m’associer, au nom des autorités françaises, à cette cérémonie de souvenir et d’hommage. Cette cérémonie se répète chaque année ici ou à Paris depuis le 8 janvier 2004, lorsque beaucoup d’entre vous se trouvaient devant le premier monument provisoire érigé à la mémoire de ceux qui venaient de perdre la vie dans cette catastrophe.

Aujourd’hui vous vous trouvez devant un monument sur lequel sont inscrits les noms des hommes, des femmes et des enfants qui ont péri dans cet accident. Ce monument les associe pour toujours à ce lieu, face à la mer qui les a engloutis.

La perte soudaine d’un être cher - un père, une mère, un enfant – suscite à la fois une douleur inconsolable et un sentiment de révolte contre l’injustice.

C’est ensuite dans l’intimité de chaque famille que l’on tente de surmonter l’absence de ceux qui vous manquent chaque jour depuis 10 ans. Mais c’est le rôle de la communauté nationale de vous témoigner sa solidarité, et le rôle des autorités des deux pays concernés de tout faire pour vous apporter les réponses que vous attendez légitimement pour comprendre ce qui a conduit à cette tragédie.

A cet égard, je connais et comprends les motifs d’insatisfaction exprimés par votre association et rappelés à l’instant par son Président Monsieur Claude Fouchard. Face à la douleur et l’incompréhension, la complexité et la lenteur des procédures vous ont souvent paru excessives ou injustifiables. Vous savez aussi que les autorités françaises - en plusieurs occasions au plus haut niveau de l’Etat - comme les autorités judiciaires de notre pays n’ont cessé de se mobiliser pour que ces procédures soient menées aussi complètement qu’il était possible, et il va de soi que tout élément nouveau devra être examiné sans délai.

Dans ce contexte, je souhaite remercier les autorités égyptiennes de la disponibilité dont elles ont fait preuve dès les minutes qui ont suivi l’accident. Celles et ceux qui s’étaient rendus sur les lieux le 7 janvier 2004 se souviennent de leur disponibilité et du concours sans réserve qu’elles ont apporté aux opérations de recherche, en accordant en particulier des autorisations exceptionnelles afin que les moyens civils et militaires dépêchés sur place par le gouvernement français puissent remplir leur mission.

La présence aujourd’hui du ministre du Tourisme et du ministre de l’Aviation civile exprime la permanence de cet esprit de solidarité qui, par-delà la peine, unit Français et Egyptiens.

Avant cette cérémonie, vous vous êtes rendus en bateau à proximité du lieu d’impact. Cet instant de recueillement a été pour vous à la fois une épreuve et un moment où, sans doute plus que jamais depuis 10 ans, vous vous êtes sentis proches de ceux qui vous ont quittés.

Soyez assurés que bien au-delà de la baie de Charm el Cheikh, votre émotion est ressentie, votre douleur partagée, en France comme en Egypte, et que nous sommes tous unis dans le recueillement et le souvenir.

Laurent FABIUS

Dernière modification : 05/01/2014

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